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Au retour de Laguiole
Troisième incursion en pays aveyronnais pour les randonneurs des CCR cette année, pour une découverte de l'Aubrac « dans le vent » !Après l'Oustal de Salles-la-Source en 2015 puis le domaine du Roc de Nant en 2017, c'est le village Cap France des Fleurs d'Aubrac de Laguiole que 60 randonneurs ont investi du 2 au 7 juin 2019 pour arpenter l'Aubrac, une semaine après que les troupeaux des fabuleuses vaches du pays se soient répandues pour tout l'été sur le plateau...
Le village nous ouvre ses portes après un voyage en bus sans histoire, assuré par un tout jeune chauffeur, Hervé. Et un diaporama en soirée nous montre la belle nature qui nous attend en Aubrac. Nous retrouvons parmi les guides Sarah, qui nous avait déjà guidés en pays cévenol à Nant, en compagnie cette fois de Wannes.
Notre semaine commence par une rude journée et l'on fait connaissance tout de suite avec les dénivelés de l'Aubrac :
Nos deux groupes, « petites chaussures » et « grandes chaussures », découvrent les pâturages verts et blancs de l'Aubrac, pour des traversées en terre fleurie de narcisses blancs en cette fin de printemps tardive sur le plateau (même les lilas sont encore en fleurs !)... Que des orchidées en tous genres, des pensées minuscules ou autres violettes ponctuent ça et là de taches de rose, violet, jaune... On en prend plein les yeux ! Ces narcisses blancs élégants, les « petites chaussures » auront la surprise de les voir récoltés, ou « peignés » en fait, par les éleveurs qui les livrent ensuite tout à côté à la distillerie, pour la fabrication de l'huile qui servira à la réalisation de parfums .
Dans la matinée, nous serons passés auparavant visiter la fromagerie de Laguiole, où se fabriquent la tomme locale et le fromage jeune ou vieux, l'aligot et la truffade (que de bonnes choses à emporter pour le retour, la cale du bus s'en souvient...), et aussi de poser en groupe devant le taureau de Laguiole en place centrale ou près de sa vache célèbre un peu plus loin...
Avant de repartir l'après-midi après avoir bien mangé (déjà...) vers d'autres hauteurs pour rencontrer les vraies vaches..., marcher le long des drailles (ces murets délimitant les pâturages), en lisière de forêts à l'ombre bienvenue, ou sauter des ruisseaux courant eux-aussi le plateau pour désaltérer faune et flore...
Et le soir, il nous restera même un peu de tonus pour écouter le père Capou nous raconter quelques vieilleries entassées dans sa malle .
Le lendemain, Hervé reprend le volant et le bus dépose tout le monde au Bouyssou, station de ski désertée à cette époque, où le soleil nous accueille pour toute la journée.
Nous traversons les alpages des vaches de l'Aubrac, dont il faut de méfier un peu des belles cornes..., des forêts de hêtres élégants et légers parsemées des taches claires des alisiers blancs…, et toujours des champs de fleurs de toutes les couleurs, où gentianes et myrtilles commencent tout juste à s'épanouir et l'origan à se réveiller...
Et on va monter jusqu'à 1404 mètres, pour le pique-nique avalé à l'abri des arbres. Puis on redescend par le sentier botanique de Laguiole, qui serpente à travers la tourbière étonnante de la Vergne, où se cache parmi la flore des zones humides la droséra, cette plante minuscule qui attire les mouches pour les gober... Pas sûr que tous l'aient repérer...
A l'arrivée, apéro des nouveaux et repas costaud, avant la soirée magique concoctée par J.R Prisca pour surprendre son monde...
Mercredi, nous repartons à travers le plateau, poussés par « un vent à décorner les bœufs », empruntant une ancienne voie romaine, la « Via Agrippa » reliant Bordeaux et Toulouse à Lyon (l'une des 4 voies gallo-romaines qui traversaient la Gaule), devenu le chemin de Brameloup (dont l'origine semble facile à trouver...) ; même objectif pour les 2 groupes par 2 chemins différents : le buron de Camejane où nous est promise la dégustation de l'aligot réalisé sur place, servi filant à souhait avec une délicieuse saucisse grillée aux herbes... puis une tarte aux myrtilles pour finir, avant un petit pousse-café du cru !
Retour à travers les pâturages où les vaches, sans doute aiguillonnées par le vent qui ne lâche rien et les couleurs arborées par les visiteurs, nous poursuivent un moment jusqu'à la barrière de l'enclos, au grand dam de leur pâtre un peu fâché contre les randonneurs et leur guide...
A l'église d'Aubrac, les 2 groupes se retrouvent à nouveau pour la visite du village et des vestiges de l'ancien hospice construit en 1198, la Domerie, dont il ne reste plus que l'église N-D. des Pauvres, une tour dite Tour des Anglais, et la maison des gardiens.
C'est dans la Maison de l'Aubrac toute proche que nous verrons alors le nuage arriver sur nous et engloutir en un instant tout le village ! Spectacle étonnant ! Et on a dû sortir du sac kway ou cape de pluie pour regagner le bus... Le réconfort nous attend au gîte avec un autre bon dîner et une soirée loto fructueuse pour certains, qui rapporteront des lots de produits locaux, dont un véritable Laguiole...
Pourtant le lendemain le soleil est déjà revenu pour notre escapade à Sainte-Urcize, une autre station de ski nordique ; Hervé nous dépose au village et nous parcourons les rues avant de partir une nouvelle fois à l'assaut des alpages environnants. Après visite à la cascade, encore une randonnée en forêt, où l'on trouve plus de sapins cette fois..., et dans les pâturages où nous rencontrons la vache Simmental, la « Milka » importée de Suisse pour son lait afin de frayer avec la vache de l'Aubrac et améliorer la production du fromage Laguiole.
Pique-nique à midi au sommet, en zone élevée et ventée avec vue panoramique sur les Monts du Cantal. Et toujours la luxuriante flore printanière et si diverse, plus quelques papillons que le printemps réveille eux aussi...
Retour à Laguiole pour la visite d'une coutellerie, démonstration édifiante de la réalisation du « Laguiole, le vrai » et du musée avec sa forge à l'ancienne où le forgeron forge encore l'acier de Damas à 5 épaisseurs et en tire la magnifique lame mordorée vue en vitrine... En soirée, c'est le groupe local Lous Oyolos en Rouergue qui jouera et dansera pour nous ses entraînants airs folkloriques...
Le lendemain, on repart en bus vers Estaing sous un ciel nuageux qui restera clément pour la virée du matin au-dessus de ce beau village, sur le chemin de Saint-Jacques-de- Compostelle, et nous terminons ensemble autour sa jolie église, ses ponts et ses vieilles pierres, où on a même vu l'ours et de drôles de statues de fer et autres ferrailles recyclées... Mais le ciel va se mettre à pleurer sur Saint-Côme d'Olt où tous se sont retrouvés pour pique-niquer à l'abri de la petite Chapelle des Pénitents...
Avant de rallier l'église romane de Perse au magnifique tympan et son petit cimetière que nous découvrirons sous la pluie, encapuchonnés, de même que le pont, le château et la ville d'Espalion tout proches... Mais le joueur de quilles de huit, le sport typiquement aveyronnais (et codifié à Espalion en 1912, apprendrons-nous...), qui y a donc sa statue, parviendra à chasser les gouttes, il est fort quand même !...
Retour à Laguiole où nous attend l'apéro du directeur et le repas de gala, avant la soirée en chansons de notre duo de guitaristes et le chœur des randonneurs ; bref, il est déjà temps de dire merci à nos hôtes de l'Aubrac et à nos gentils organisateurs du CCR de la Macif … et de refaire les valises pour rentrer à la maison... On aura bien marché en 5 jours : près de 100 kms pour les « grandes chaussures »... Toujours trop courte la semaine de rando ! Mais on reviendra l'année prochaine, ailleurs…, et ce sera à Moëlan-sur-Mer en Finistère, sous l'égide du CCR de la Maaf.
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