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Randonnées en Pays d'Albret
La traditionnelle semaine de randonnées de mai/juin organisée par l'inter-CCR s'est tenue cette année à la Barbaste, dans la région de Nérac (Lot-et-Garonne) du 27 mai au 2 juin.Vous trouverez ci-après les "Impressions" de Monique Mathis agrémentées de quelques photographies prise par les participants (cliquer sur les photos pour les agrandir).
On est allés en pays d'Albret, goûter un peu de la Navarre du bon roi Henri...Cette année encore, aucun retard au départ du bus de l'Absie affrété par le CCR Camif pour emmener les 60 randonneurs inscrits en Gascogne, fin prêts pour affronter le mauvais temps prédit par la météo...
Pour l'occasion, le tout nouveau retraité Paulo s'était porté volontaire pour conduire le groupe à destination et à l'heure prévue le dimanche soir, nous étions accueillis par Christophe, le directeur, au Relais du Moulin Neuf de Barbaste où chacun prenait possession de sa chambre, avant d'aller goûter, déjà, à la prometteuse cuisine locale.
Lundi matin, sous les nuages menaçants, nous faisons connaissance avec nos 2 guides : Bénédicte entraîne 35 lièvres dans le coteau proche vers Estussan. Une jolie côte à grimper, puis une marche tranquille à travers une verte campagne façonnée par l'agriculture, qu'elle explique avec entrain.
Ce n'est qu'au moment de rentrer au Moulin Neuf pour midi que quelques gouttes nous rattraperont. Pendant ce temps-là, Chouchou conduit 24 tortues à travers Barbaste pour une balade commentée à sa façon.
Le village s'est construit autour d'un vieux pont roman enjambant la Gélise et un imposant moulin fortifié où le roi de Navarre, puis de France, se trouvait bien, puisqu'il se présentait parfois comme « le meunier de Barbaste » !... mais qui peut en témoigner aujourd'hui, à part ces autochtones ou « les ceusses » qui concourent au rendez-vous annuel du 1er août de Moncrabeau, un village d'à côté, qui pèse ce jour-là, en sel, le roi des menteurs !?...
Et pendant qu'on déguste cassolette de fruits de mer, lapin au romarin et cannelé de Bordeaux, l'averse se déchaîne dehors, lavant le ciel, pour nous permettre de repartir l'après-midi sous de timides rayons de soleil.
Là on retrouve Jacques, qui prend en charge 30 lièvres pour leur montrer la forêt des landes de Gascogne : sables noirs où poussent au milieu des fougères et des ajoncs les pins maritimes bien sûr, mais aussi désormais d'autres essences, dont des chênes-liège, mâles ou femelles, que l'on différencie à leur peau... La troupe des tortues chemine elle aussi dans la forêt sur un parcours plus court choisi par Bénédicte.
A 18h30, c'est le traditionnel apéro de l'arrivée, le premier, et après le dîner, Christophe nous racontera sa région d'Albret devant un diaporama illustrant ses richesses, ses histoires, ses menteries...
Mardi, c'est reparti ! Emporté par le bus, l'ensemble du groupe arpente les rues de Nérac sous la houlette de Bénédicte, à la découverte de la capitale du pays d'Albret, implantée sur une rive escarpée de la Baïse : « son château », dont il ne reste que l'aile nord, où la Reine Margot fut « prisonnière » quelque temps, un beau bâtiment consolidé par un autre « personnage local », le Baron Haussmann, sous-préfet de la ville de 1832 à 1840, puis « son hôtel de ville », où M. Armand Fallières fut élu maire avant de devenir président de la République de 1906 à 1913, « son église St-Nicolas », reconstruite juste avant la révolution, ses ruelles étroites, tel ce « passage de la Conférence » où l'on négocia après la nuit tragique de la Saint-Barthélémy...
Retour par le parc du château, où le Vert Galant aurait « conté fleurette » à certaines belles filles d'ici, dont cette pauvre Fleurette qui se jeta tout « enchagrinée » dans la Baïse...
L'après-midi, direction le château du Fréchou : soleil timide et, après les pluies nocturnes, sentiers boueux parfois même impraticables, les ragondins y détournant les eaux !... Les lièvres passent alors au bord des champs cultivés de blé dur ou de blé tendre, orge et autres céréales, semence betteraves sucrières ou rangs d'oignons..., pour atteindre l'objectif fixé par Jacques : le vieux pont roman enjambant les « chutes de la Baïse » ! Avant regroupement avec les tortues qui sont allées au château, dans le village du Fréchou, lequel s'affiche comme « le centre du monde »... Retour en bus pour essayer d'achever les restes de l'apéro de la veille et affronter un nouveau bon dîner et le loto prévu en soirée.
Mercredi, tous randonnent autour de Buzet et « son » vignoble : départ au port où l'on longe le canal, on emprunte un tronçon du canal de l'Entre-deux-mers reliant Bordeaux à Sète, et le chemin, comme la veille, fait « flic-floc » sous les pas. Puis on entre dans les coteaux du vignoble, on y côtoie pentecôtes et orchidées, et le ciel s'éclaire : il ne pleut toujours pas sur les marcheurs !
! De Buzet, c'est Paulo qui nous emmène en bus au fond des bois dans la palombière des Caillau, où il faut siffler pour entrer !? Chouchou nous livre alors des explications convaincantes sur l'ancestrale chasse à la palombe au filet, une tradition qui passionne et déplace l'autochtone à la saison, qu'il soit actif ou retraité... Et au bout du tunnel, nous attend un repas pantagruélique ! Jugez-en : apéritif agenais, salade gasconne et terrine aux cèpes, civet de chevreuil et pommes persillées, croustade, café … et pousse-café !Difficile de repartir après ça, mais on va tout de même à pied remercier la châtelaine de Xaintrailles qui nous a ouvert son logis. Y vécut vers 1400 un compagnon de Jeanne d'Arc, Jean-Poton de Xaintrailles, puis un neveu de la famille des Lusignan du Poitou au 17ème, et le château appartient ensuite à la même famille depuis 1865 ; il reçut avant nous d'illustres visiteurs, George Sand et ses amis, Prosper Mérimée, Viollet-le-Duc, le baron Haussmann... Cette fois le soleil semble bien revenu et chauffe le dos, pendant que l'on tâte à nouveau de la gadoue des chemins re-mouillés par les derniers orages de la nuit.
Après le dîner, soirée de découverte du folklore local avec la prestation dynamique et joyeuse des Peyracei, père et fils, et de leur troupe, qui ont enchaîné danses, musiques, chants et poèmes sans discontinuer pendant 2 heures, avant d'entraîner les spectateurs avec eux... Ouf !
Jeudi 31 mai, lièvres et tortues s'en vont à Vianne, une bastide fortifiée au 13ème siècle par Jean de Bailly, sénéchal du roi d'Angleterre, donc franco-anglaise : elle porte les armoiries de ce royaume, 3 léopards, et la croix catalane, tout en rouge et or. Sous ses remparts, devant l'une de ses 4 portes, puis sur la place centrale et devant l'église, leçons d'histoire locale et autres menteries avant que les marcheurs s'élancent dans de nouveaux circuits en coteaux et sentiers humides, la gadoue est toujours là, mais personne ne chute ! Et les chaussures s'alourdissent au fur et à mesure qu'on avance...
Repas de midi à la ferme Roques à Montgaillard, avant que ce pruniculteur nous explique brillamment et avec humour, la différence entre ses produits et ceux du commerce ! Édifiant : désormais on ne recherchera plus que ces pruneaux mi-cuits préparés par lui et ses 62 collègues, et surtout pas ceux des 1300 autres qui assèchent puis réhydratent la prune d'Ente, lui ôtant toutes ses qualités nutritionnelles ! D'ailleurs on a commencé de suite nos achats en lestant le bus de Paulo de quelques articles trouvés à la ferme, dont le bon vin de Buzet qui eut un franc succès...Pour le retour en commun, on repart de Laverdac vers le Moulin Neuf. En soirée, on va pousser la chansonnette avec nos amis guitariste et choristes amateurs presque pros : ambiance « souvenirs, souvenirs » et « roulez jeunesse » !
Vendredi, pour le premier jour de juin, on passe dans le Gers : Paulo mène l'expédition vers Condom et de là, les lièvres comme les tortues descendent vers Larressingle, chacun son chemin, et tous rallient l'auberge où l'accueil est assuré part Bénédicte et son mari, le chef-cuistot de ce charmant endroit, cerné de vénérables amandiers, pour encore un fameux repas...
Visite de Larressingle, la « Carcassonne du Gers » et expérimentation dans sa jolie église aux vitraux « chagaliens » et où Saint-Sigismond s'est habillé en Vercingétorix !... d'un duo hors normes : Bénédicte et Michel vérifient pour nous que les sons y circulent divinement... un beau moment !
Course à pied vers Condom où l'on s'égaille autour de la cathédrale, gardée par d'Artagnan et ses 3 copains mousquetaires.
Puis retour sans retard pour Barbaste, car au Moulin Neuf, on nous attend pour « le dîner gastronomique », avec foie gras bien sûr, précédé du « pousse-rapière », l'apéro local... et suivi d'une mémorable soirée théâtrale ! C'est Chouchou qui joue les metteurs en scène et dirige à sa façon une troupe amateur issue des rangs des randonneurs : Andrée, Catherine, Gérard, René et Roland, nos 5 cabotins s'en donnent à cœur joie sous leur perruque et amusent la galerie, les spectateurs rient et pleurent des « vert-galanteries » du roi Henri, des malheurs de la pauvre Fleurette et des turpitudes de la charbonnière... Oui, on s'en souviendra !
Il a bien fallu se calmer ensuite pour replier les bagages afin de pouvoir repartir à l'heure le lendemain matin... Une semaine qui est passée trop vite cette année encore, où l'on aura rudement bien festoyé, mais aussi bien marché... et pour laquelle les organisateurs ont bien mérité les remerciements reçus !Allez, on recommencera en 2019, tous à Laguiole !
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